L’acide phytique est parfois appelé “anti-nutriment” par certains fervents des régimes paléo, cétogène ou encore hyper-protéiné.
Ils le pointent du doigt pour toutes sortes de développement de maladies et carences!
Est-ce qu’il est vraiment dangereux? C’est précisément ce que nous allons voir dans cet article.
Mais alors c’est quoi cet acide phytique?
L’acide phytique, c’est la forme de stockage du phosphore dans les graines, y compris les céréales, les légumineuses et les noix.
On le connait aussi sous le nom IP6 (inositol hexakisphosphate) ou inositol polyphosphate et lorsqu’il se lie à un minéral, il s’appelle phytate.
L’acide phytique, en simplifié, c’est l’énergie stockée (phosphore) dont la graine a besoin pour germer en présence d’eau et de lumière.
La quantité d’acide phytique varie beaucoup d’une graine à l’autre. Elle varie aussi selon:
- le climat;
- la qualité de la terre et de l’environnement;
- et aussi de la manière dont on la mesure en laboratoire.
Ce qui vaut à l’acide phytique son nom un peu effrayant « d’anti-nutriment”, c’est sa capacité à se lier à certains minéraux et d’en limiter l’absorption dans les intestins.
Ses détracteurs l’accusent de toutes les carences imaginables, de problèmes intestinaux, de dents qui se déchaussent, etc..
Pourtant, on n’a aucune preuve concrète aujourd’hui!
Les vertus des acides phytiques
Au contraire, on sait que les populations qui ont une alimentation plus “végétalienne” (donc plus riche en acide phytique) sont en bien meilleure santé que les autres.
Forcément, en mangeant plus de végétaux, on augmente aussi la quantité de sels minéraux. Malgré l’effet limitant de l’acide phytique, on absorbe au final tout à fait assez de sels minéraux pour être en pleine forme.
Aussi, ce qui est connu et clairement démontré aujourd’hui, c’est que lorsqu’on consomme des aliments riches en acides phytiques et qu’on les combine avec d’autres aliments, l’absorption minérale augmente.
Par exemple, une portion de riz complets cuisinée avec juste deux fines tranches d’oignon ou d’ail permet d’augmenter l’absorption de fer et de zinc jusqu’à 50% (1).
Cela neutralise en soi les effets potentiellement négatifs de l’acide phytique.
Donc pas besoin de s’encrasser les artères avec un morceau de boeuf ou de poulet pour obtenir ses minéraux!
Pourquoi elles sont mieux que les produits animaux?
Il faut garder en tête que les micronutriments font toujours partie d’une “offre groupée”. On ne peut pas obtenir le fer d’un morceau de viande sans les aspects négatifs:
- effet oxydant
- graisses saturées
- hormones
- antibiotiques
- acidité
De la même manière, on ne peut pas obtenir le fer d’un épinard sans les fibres, les vitamines, les antioxydants et l’effet alcalinisant…
L’acide phytique fait partie des graines! C’est leur moyen de défendre leurs ressources lorsqu’elles ne sont pas en germination.
Malgré cela, elles restent un aliment de qualité nutritionnelle supérieure, car elles sont riches en toutes sortes de nutriments importants qui ont des effets protecteurs sur notre santé.
Alors, l’acide phytique, anti-nutriment ou super-nutriment?
Nous avons vu que les aliments riches en acide phytiques (les céréales, légumineuses, noix et graines) sont riches en toutes sortes de micronutriments. En plus, il se trouve que l’acide phytique a des qualités de super-nutriment qui nous protègent contre les maladies cardiovasculaires, le diabète, les calculs rénaux et même le cancer!
L’acide phytique un anti-cancer
En se liant aux sels minéraux dans les intestins, l’acide phytique empêche la formation de radicaux libres et devient donc un antioxydant puissant.
On peut mentionner en passant que l’industrie de l’agroalimentaire ajoute des phytates à la viande pour stabiliser les graisses qui commencent à s’oxyder dès le meurtre de l’animal (2)!
L’acide phytique ou IP6 est donc un agent protecteur contre une multitude de maladies.
Mais il est le plus impressionnant dans son rôle contre le cancer! L’IP6 est rapidement absorbé par l’intestin et ensuite par les cellules cancéreuses dans tout le corps.
En plus, il lutte contre toutes les cellules cancéreuses:
- leucémie
- cancer du sein (oestrogène dépendant ou pas)
- cancer cervical
- cancer de la prostate
- le cancer du foie et du pancréas
- etc.
Et pourtant il n’interfère pas avec le fonctionnement normal des cellules saines!
L’acide phytique possède donc des effets antioxydants, anti-inflammatoires, détoxifiants, sur le contrôle de la différentiation et l’apoptose et sur l’anti-angiogenèse.
En résumé, il combat toutes les étapes qui rendent une tumeur maligne (3, 4, 5, 6, 7,8).
Et contre l’ostéoporose
Il se trouve aussi que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’acide phytique a un effet protecteur contre l’ostéoporose.
Les tests sur animaux (chiens et rats) avaient démontré un ramollissement des os quand on leur donne une alimentation riche en acide phytique, d’où la mauvaise presse.
Ensuite lors d’études sur les humains, on a découvert qu’en fait l’équilibre de calcium est maintenu sur le long terme (9). (Encore une raison pourquoi les tests sur animaux sont inutiles, cruels et trompeurs).
En plus, si l’on compare les personnes ayant un régime riche ou pauvre en acide phytique, le régime pauvre en acide phytique montre une densité osseuse bien moins importante (10).
Les risques du réductionnisme
Comme d’habitude, nous réalisons que notre façon réductionniste d’étudier l’alimentation amène à de fausses conclusions!
Alors que si l’on prend les aliments dans leur entier, on voit qu’ils ne sont pas limités à un élément bon ou mauvais.
C’est la synergie de tout ce qui les constitue qui va les mettre plutôt dans une catégorie ou une autre.
A votre Santé,
Dre Laurence Froidevaux
1. Gautam S, Platel K, Srinivasan K. Higher bioaccessibility of iron and zinc from food grains in the presence of garlic and onion. J Agric Food Chem. 2010 Jul 28; 58(14):8426-9. 2. B. E. Stodolak, A. Starzy'nska, M. Czyszczo'n, K. Zyla. The effect of phytic acid on oxidative stability of raw and cooked meat. Food Chem. 2007 101(3):1041 - 1045. 3. I. Vucenik, A. M. Shamsuddin. Protection against cancer by dietary IP6 and inositol. Nutr Cancer 2006 55(2):109 - 125. 4. G. L. Deliliers, F. Servida, N. S. Fracchiolla, C. Ricci, C. Borsotti, G. Colombo, D. Soligo. Effect of inositol hexaphosphate (IP6) on human normal and leukaemic haematopoietic cells. British journal of haematology 2002 117(3):577 - 587. 5. E. Graf, J. W. Eaton. Dietary suppression of colonic cancer fiber or phytate? Cancer 1985 56(4):717 - 718. 6. U. Schlemmer, W. Frolich, R. M. Prieto, F. Grases. Phytate in foods and significance for humans: Food sources, intake, processing, bioavailability, protective role and analysis. Mol Nutr Food Res 2009 53 - Suppl - 2:S330 - 75. 7. J. Singh, P. S. Basu. Non-nutritive bioactive compounds in pulses and their impact on human health: an overview. food and nutrition sciences 2012 3(NA):1664-1672. 8. P. N. Singh, G. E. Fraser. Dietary risk factors for colon cancer in a low-risk population. Am. J. Epidemiol. 1998 148(8):761 - 774. 9. A. A. López-González, F. Grases, N. Monroy, B. Marí, M. T. Vicente-Herrero, F. Tur, J. Perelló. Protective effect of myo-inositol hexaphosphate (phytate) on bone mass loss in postmenopausal women. Eur J Nutr 2013 52(2):717 - 726. 10. A. A. López-González, F. Grases, P. Roca, B. Mari, M. T. Vicente-Herrero, A. Costa-Bauzá. Phytate (myo-inositol hexaphosphate) and risk factors for osteoporosis. J Med Food. 2008 11(4):747 - 752.
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