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5 affirmations des "Z'homnivores" qui méritent d'être vérifiées

nutrition santé Feb 17, 2025

Les recommandations nutritionnelles font souvent débat, particulièrement lorsqu'il s'agit de l'alimentation des enfants et des adolescents. 

Malheureusement, trop souvent, la présentation des faits est biaisée et il est difficile de se faire une opinion éclairée.

Pour vous aider à mieux comprendre les impacts de nos choix alimentaires, je vous partage ma réponse au communiqué de presse des Z'Homnivores paru fin 2024.

Cet article est d'autant plus d'actualité, après le reportage de la RTS sur l'ostéoporose et leur stigmatisation de l'alimentation végétale (une discussion pour un autre article).

 

Voici ma réponse...

Je partage entièrement l'affirmation selon laquelle un bon apport en fer et en calcium est crucial pour le développement cérébral et la santé générale.

Cependant, l'analyse du « think tank » contient plusieurs inexactitudes qui méritent d'être corrigées pour éviter toute confusion ou désinformation auprès du public.

 

L'argument des carences en fer et calcium

Ils mentionnent qu'un tiers des adolescents souffrent de carence en fer, mais le lien établi avec l'alimentation végétarienne ou végétalienne est infondé. Les végétariens représentent 2 à 4 % de la population, et les végétaliens une part encore moindre de ce pourcentage.

Comment expliquer qu'une telle minorité soit responsable d'un problème qui touche une si grande part de la population ? Cela ne fait aucun sens.

La réalité est que les adolescents, comme tout individu, nécessitent une alimentation bien planifiée, indépendamment de leur mode alimentaire. Si 45 % des adolescentes américaines présentent des carences en fer, ce n'est évidemment pas par manque de consommation de viande, soyons honnêtes !

Ce constat met plutôt en lumière des habitudes alimentaires globalement déséquilibrées et un manque d'éducation nutritionnelle adapté.

Les Z'Homnivores se font beaucoup de soucis pour les carences en fer, mais ne prêtent pas attention au fait que le fer héminique (d'origine animale) apporte un stress oxydatif et peut être aussi lié à l'augmentation des maladies cardiovasculaires à l'âge adulte.

Aussi, un taux élevé de ferritine dans le sang est associé à un risque accru de développer un diabète de type 2. Plus le taux est élevé, plus le risque augmente.

Les personnes ayant des niveaux de ferritine dans le quartile le plus élevé ont un risque jusqu'à 3,26 fois plus élevé de développer un diabète de type 2 par rapport à celles ayant des niveaux plus bas. Même des niveaux modérément élevés de ferritine (≥149,2 mg/mL) sont associés à une augmentation de 43 % du risque de diabète de type 2 (1,2).

Ceci pour bien mettre en évidence que la recommandation pluri-quotidienne de consommation de viande est une aberration scientifique : l'excès est en tous cas aussi dangereux que la carence.

 

Recommandation pluri-quotidienne de viande : une approche obsolète et dangereuse

La recommandation de consommer de la viande plusieurs fois par jour est non seulement injustifiable mais également problématique pour la santé publique.

La consommation excessive de graisses saturées, présentes principalement dans les produits animaux comme la viande et les produits laitiers, est directement liée à l'accumulation de plaques dans les artères et donc aux maladies cardiovasculaires.

Cette recommandation va à l'encontre des connaissances scientifiques actuelles.

Des études montrent que même des enfants âgés de 11 à 15 ans présentent déjà ces plaques de cholestérol à cause de l'excès de consommation de graisses saturées dès le jeune âge (3,4). Ce processus pathologique conduit à des maladies cardiovasculaires à l'âge adulte. Plus il commence tôt, plus il est difficile de limiter ses effets !

Quant à l'argument selon lequel la viande ne serait pas liée au cancer colorectal chez les enfants, il est tout simplement malhonnête : il résulte d'un processus inflammatoire et oxydatif cumulatif sur plusieurs décennies.

L'idée que les enfants ne seraient pas concernés par leurs choix alimentaires actuels est scientifiquement et éthiquement irresponsable.

Les habitudes alimentaires adoptées dès l'enfance sont la base de la santé future, il est donc indispensable de penser à long terme lorsque l'on donne des recommandations.

En outre, les principales associations de nutrition, y compris celles des États-Unis, du Canada, de l'Australie et du Royaume-Uni, sont unanimes : une alimentation végétale bien planifiée est sans danger et peut être bénéfique à tous les stades de la vie, y compris pour les enfants, adolescents et femmes enceintes. Ignorer ce consensus scientifique constitue une erreur grave.

 

Sur le poisson et les oméga-3

Le poisson est présenté dans ce texte comme une source primordiale et sûre d'oméga-3. Pourtant, le fait de minimiser les dangers associés, notamment la contamination par les métaux lourds, relève encore d'une stratégie d'évitement visant à éluder le problème dans son ensemble.

Une étude récente a révélé que 100 % des boîtes de thon testées contenaient du mercure : « cette étude récente menée par les ONG Bloom et Foodwatch a révélé que les 148 boîtes de thon testées, provenant de cinq pays européens, étaient contaminées par le mercure, certaines dépassant jusqu'à quatre fois la limite autorisée.

Cette situation a suscité d'importantes préoccupations en matière de santé, car le mercure est une neurotoxine puissante » (5).

Outre les problèmes de santé, la pêche pose aussi un problème majeur pour l'environnement : selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (UNFAO), 33 % des populations de poissons sont surexploitées et 60 % font l'objet d'une pêche maximale.

Autrement dit, seuls 7 % des poissons sont pêchés de manière durable. Il est donc impossible de répondre de manière correcte et viable aux besoins mondiaux en poisson (6,7).

La bonne nouvelle est que les oméga-3 peuvent être obtenus sans cruauté et avec un impact environnemental minime grâce aux micro-algues, qui sont la source primaire des oméga-3 présents dans les poissons.

Un complément à base de micro-algues offre ainsi tous les bienfaits, sans les inconvénients.

 

Les Z'Homnivores et les recommandations de EAT-Lancet

En consultant leur site web, on découvre que les Z'Homnivores se définissent comme un « collectif d'acteurs majeurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire ».

Cette affiliation révèle un conflit d'intérêt significatif et un biais manifeste, loin d'une approche scientifique neutre, en faveur d'une alimentation axée sur les produits carnés.

Ils prétendent vouloir « redonner du sens à l'alimentation dont nous nous nourrissons depuis des millénaires », une démarche qu'ils qualifient de progrès.

Cependant, cette vision romantique de l'alimentation de nos ancêtres ne tient pas compte des faits historiques : avant l'abondance dont nous jouissons aujourd'hui, leur régime alimentaire était principalement dicté par des contraintes de survie et d'accessibilité, et non par des considérations de santé ou de longévité.

Ces priorités, pourtant essentielles à notre époque, étaient totalement absentes de leur équation alimentaire.

Aujourd'hui, il est clair que pour préserver notre santé, prolonger notre espérance de vie et protéger notre planète, nous devons nous éloigner du modèle carné traditionnel qui domine encore nos habitudes alimentaires.

Les positions défendues par les Z'Homnivores, soutenues par des financements issus de l'industrie agroalimentaire, ne permettent pas une réflexion indépendante et basée sur le consensus scientifique actuel en nutrition. La fiabilité de leurs recommandations ne peut qu'être douteuse.

Pour accéder à des informations réellement indépendantes et scientifiquement fondées, il est nécessaire de se tourner vers des sources crédibles et non biaisées.

Par exemple, le rapport EAT-Lancet (8), élaboré par 37 experts internationaux en nutrition et durabilité, constitue une référence incontournable.

Ce rapport recommande une réduction drastique de la consommation de produits animaux et une transition vers des protéines végétales, en s'appuyant sur des données solides, tant pour la santé humaine que pour la durabilité environnementale.

Ces recommandations, à l'opposé de celles des Z'Homnivores, répondent aux besoins d'aujourd'hui et des générations futures.

 

Sur les troubles alimentaires et l'éthique

Les troubles alimentaires ne sont en aucun cas spécifiques au véganisme.

Une alimentation végétale bien planifiée repose souvent sur des valeurs éthiques et environnementales, ce qui en fait une démarche profondément positive et enrichissante.

Contrairement à ce que les Z'Homnivores laissent entendre, elle ne conduit ni à la restriction ni à la privation.

Bien au contraire, elle peut être une expérience profondément libératrice : découvrir qu'il est possible de maintenir une santé optimale, de savourer pleinement le plaisir de manger et, en même temps, de réduire au minimum l'impact sur la souffrance animale et humaine est une source de satisfaction et porteuse de sens.

Après tout, il y a une raison pour laquelle on emmène les enfants cueillir des pommes plutôt que visiter un abattoir.

 

Une conclusion factuelle et éthique

En conclusion, il est essentiel de rappeler que les véritables pseudo-experts sont ceux qui s'écartent de la science pour s'appuyer sur leurs biais personnels, leurs préférences subjectives et, bien souvent, des avantages financiers.

Suggérer qu'une alimentation végétale bien planifiée est inadéquate ou dangereuse va à l'encontre du consensus scientifique international et reflète davantage des intérêts ou des convictions personnelles que des faits établis.

Une approche responsable et rigoureuse en nutrition se doit de se fonder sur les données scientifiques les plus récentes, et non sur des positions biaisées ou influencées par des lobbies.

En faisant passer des idées dépassées pour des vérités universelles, ces discours trompeurs détournent l'attention des réels enjeux de santé publique et environnementale.

Aujourd'hui, il est clair que pour protéger notre santé, celle des générations futures et la planète, une alimentation principalement végétale n'est pas seulement viable, elle est essentielle.

Il est temps de privilégier une réflexion éclairée et basée sur des faits, plutôt que des arguments dictés par des intérêts privés ou des traditions dépassées.

Pour conclure cet article, voici quelques conseils pratiques qui vont vous permettre d'améliorer encore votre alimentation.

 

Conseils pratiques

Sources végétales pour le calcium, exemples :

  • Légumes à feuilles vertes : roquette (160 mg)
  • Chou kale (150 mg)
  • Épinards cuits (136 mg)
  • Légumineuses : tofu (258 mg), soja (145 mg), pois chiches (80 mg)
  • Graines et oléagineux : graines de sésame (975 mg), graines de chia (631 mg), amandes (269 mg), tahini (427 mg)
  • Les laits végétaux fortifiés en calcium

 

Sources végétales pour le fer, exemples :

  • Graines et oléagineux : graines de sésame (14,6 mg), graines de courge (18 mg)
  • Légumineuses : soja (3,7 mg), lentilles cuites (3 mg), pois chiches cuits (2,89 mg)
  • Légumes à feuilles : épinards cuits (2,1 mg), chou kale (1,7 mg)
  • Céréales : flocons d'avoine (4 mg), quinoa (1,4 mg) (oui le quinoa est une plante herbacée, mais elle est utilisée dans la catégorie céréales en cuisine, pour simplifier nous les mettons ensemble)
  • Même le chocolat noir (70 % cacao minimum) est une bonne source : 11 mg

 

Mise en pratique : 

Pour optimiser l'absorption des sels minéraux contenus dans les céréales et les légumineuses, il suffit de les cuisiner avec de l'oignon, de l'ail ou idéalement les deux.

Pour favoriser plus spécifiquement l'absorption du fer, associez-les à une bonne source de vitamine C, comme des fruits, des baies ou des légumes colorés tels que la courge ou le poivron.

Enfin, il est conseillé de limiter la consommation de thé ou de café autour des repas, car ces boissons peuvent réduire l'assimilation des sels minéraux.

Pour plus de recettes, je vous conseille notre livre de cuisine « Ma cuisine végétale », en collaboration avec le chef Rémy Tranchida. Nous vous proposons 140 recettes de saison, saines et faciles à préparer. Le livre est disponible en ligne et dans toutes les librairies en Suisse et en France.

 

À votre santé,

Dr Laurence Froidevaux, med. Chiro. dipl. BSLM

 

 

Sources

  1. Iron metabolism and type 2 diabetes mellitus: A meta-analysis and systematic review. Jingfang Liu, Qingxiu Li, Yaxian Yang, Lihua Ma
  2. Liang Sun, Oscar H. Franco, Frank B. Hu, Lu Cai, Zhijie Yu, Huaixing Li, Xingwang Ye, Qibin Qi, Jing Wang, An Pan, Yong Liu, Xu Lin, Ferritin Concentrations, Metabolic Syndrome, and Type 2 Diabetes in Middle-Aged and Elderly Chinese, The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, Volume 93, Issue 12, 1 December 2008, Pages 4690–4696
  3. Velican D, Velican C. Study of fibrous plaques occurring in the coronary arteries of children. Atherosclerosis. 1979 Jun;33(2):201-5. doi: 10.1016/0021-9150(79)90117-5. PMID: 475879.
  4. Atherosclerosis in children and young adults: An overview of the World Health Organization and International Society and Federation of Cardiology study on Pathobiological Determinants of Atherosclerosis in Youth study (1985–1995), Prevention and Control, Volume 1, Issue 1, 2005, Shanthi Mendis, P. Nordet, J.E. Fernandez-Britto, N. Sternby.
  5. https://www.rfi.fr/en/international/20241029-french-brand-tops-mercury-contamination-in-europe-tuna-petit-navire
  6. https://www.ciwf.org.uk/media/7436097/until-the-seas-dry.pdf
  7. https://ecohustler.com/article/until-the-seas-run-dry-how-industrial-aquaculture-is-plundering-the-oceans/
  8. https://eatforum.org/eat-lancet-commission/ 

 

 

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